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AGENCE

Pourquoi nous n’avons rien acheté durant le Black Friday

Publié le : 30 Novembre 2021

6 min.

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Notre raison d’être met en avant notre volonté de concevoir des solutions utiles et respectueuses des enjeux sociaux et environnementaux. C’est un choix collectif, qui reflète également nos valeurs individuelles. Cécile, responsable du Développement RH et Paul, développeur back-end, partagent leurs points de vue et leurs actions en accord avec ces valeurs.

Cécile : Depuis maintenant 3 ans, avec ma petite famille, nous essayons de consommer autrement. Je le reconnais, c’est un vrai choix de vie, ça ne s’est pas fait en un seul jour et ce n’est pas toujours simple.

Alors, qu’avons-nous acheté de neuf ces 3 dernières années :

  • un vélo cargo longtail et ses accessoires pour les déplacements au quotidien
  • des sous-vêtements (oui, j’avoue, je ne suis pas encore prête à les acheter d’occasion 😅)
  • notre voiture (après avoir rendu notre petite citadine en LOA, nous avons opté pour un format familial équipé GPL, pas évident de faire 800 km aller simple en vélo pour pouvoir passer du temps en famille et, on l’avoue, pour avoir un tout petit peu de confort et de facilité en évitant par exemple le train en période de fêtes de fin d’année ou en période estivale.)

Et pour le reste ? Aujourd’hui, nous achetons principalement de seconde main ou reconditionné. Ça fonctionne tout pareil, ça ressemble tout pareil, sauf que notre portefeuille et notre planète s’en sortent mieux.

  • Ma fille a défilé en robe de reine des neiges pour le carnaval de l’école, une jolie robe fait maison avec des tissus récupérés ici et là.
  • Mon fils porte des baskets Adidas que l’on trouve actuellement en magasin, neuves mais de seconde main. (et oui, il est possible d’acheter des chaussures pour ne jamais les porter…)
  • J’ai dans ma cuisine un magnifique robot pâtissier qui me permet de faire des gâteaux dignes du Meilleur pâtissier, acheté reconditionné.

Et nous sommes heureux comme ça.

Paul : À titre individuel, le principal axe que je mets en œuvre est de limiter mes achats de matériel neuf. Je ne tiens pas comptabilité de mes achats neufs mais j’ai pris le réflexe de regarder le bon coin et Vinted avant d’acheter quoi que ce soit. Ça prend plus de temps que commander sur Amazon, mais c’est toujours ça d’évité en production de marchandise supplémentaire et c’est moins cher !

Cécile : Vous me direz : “Si j’ai seulement un petit budget pour faire de beaux cadeaux à ma famille pour les fêtes de fin d’année ? Pourquoi me vendre la même chose deux fois plus cher le reste de l’année alors que je peux bénéficier d’un gros rabais ?”. Oui, c’est vrai, la remise est conséquente, et pour un foyer aux revenus modestes, c’est alléchant. Mais…

  • pour pouvoir faire une telle remise, est-ce que ça n’implique pas que quelqu’un quelque part est moins bien rémunéré qu’il n’aurait dû ? car si le commerçant est capable de rogner autant sa marge, je ne préfère pas savoir combien a été payé la main d'œuvre pour fabriquer le produit...
  • est-ce que le bonheur, c’est recevoir un objet tout neuf et dernier cri parce qu’il faut A-BSO-LU-MENT l’avoir ? ou un cadeau personnalisé, peu importe qu’il soit de seconde main, fait maison ou reconditionné ?

Paul : Les promos sont belles aujourd’hui, ça donne envie ! Mais c’est bien ce qui pose problème : ces envies, elles sont créées de toutes pièces. Mon matelas est un peu tassé et pas très grand, ma TV est en 720p, mon processeur n’a que 4 cœurs… On a tous une liste de choses qu’on pourrait améliorer dans nos possessions. Mais pour le moment, je me contente de tout ça, car le prix que ça coute de mettre à jour ces possessions ne vaut pas le coup de changer. Les promos du Black Friday viennent changer ce calcul qu’on fait tous, et avance tout un tas d'achats qui jusqu’ici n’était pas réellement à l’ordre du jour. On avance ces achats par peur que, dans 3 mois, on n’en puisse plus d’attendre et qu’on craque, en se faisant arnaquer à payer le prix fort.

De deux choses l’une :

  • soit le prix fort est une arnaque, alors on paye trop cher pour enrichir un actionnaire quelque part,
  • soit le prix fort est le bon prix, et c’est le prix remisé qui est une arnaque, cette fois-ci pour le producteur qui n’est pas payé comme il le devrait.

En soi, je pense que c’est le capitalisme qui est une vaste arnaque, et Le Black Friday la journée mondiale de l’arnaque.

Cécile : Me concernant, je préfère consommer autrement, quitte à faire quelques compromis. Je suis fatiguée de tout ce “bruit” dans ma boîte mail depuis quelques jours. Parce que ce n’est plus simplement le Black Friday mais aussi le Cyber Monday et même la Cyber Week. Alors je me désabonne, encore et encore. D’autant qu’en changeant mes habitudes de consommations, j’ai aussi choisi de donner moins de crédits à toutes ces grandes enseignes qui misent sur le marketing et l'affect du client. À part me pousser à la consommation pour quelque chose dont je n’aurai probablement pas eu envie et/ou pas eu besoin. À part m’encourager à mettre au placard des objets encore fonctionnels juste pour avoir le même mais en plus neuf, plus design, plus high tech… Si ce n’est pas du gaspillage, qu’est-ce que c’est ?

Je ne dis pas que je ne fais pas certains achats “inutiles”, juste parce que j’en ai envie sans en avoir besoin. Donc comme beaucoup de français, je possède un iphone… 7… acheté reconditionné… Il me permet de passer des appels et c’est exactement ce que j’attends de lui.

Paul : Les publicitaires mettent des budgets fous en communication simplement pour créer du désir chez les consommateurs, ne pensons pas qu’on sait en faire abstraction, qu’on est plus malins qu’eux. Le Black Friday, c’est l’apogée de ces pratiques qui nous font dépenser des sommes folles en objets dont on a généralement plus une envie artificiellement créée qu’un véritable besoin. Ce gaspillage, cette création d’envie artificielle, je pense qu’elle crée plus de malheur que de bonheur.

Cécile : Je trouve la méthode proposée par la Camif intéressante. Elle s’appelle joliment la méthode BISOUS :

  • À quel Besoin (psycho-affectif) l'achat répond-il ?
  • En ai-je besoin Immédiatement ?
  • Ai-je déjà quelque chose de Semblable ?
  • Quelle est l’Origine de ce produit et des composants ? #CfaitOù ?
  • Cet objet va-t-il m'être Utile et combien de temps ?
  • Quel est l’impact de ce produit sur le plan Social ou Sociétal ?

Bien sûr, pour consommer responsable, je pense qu’il faut le vouloir et accepter l’effort que cela nécessite. Il faut arrêter les achats compulsifs pour passer aux achats réfléchis (et raisonnés ?). Ce n’est pas chose aisée et je reconnais que pour en arriver où nous sommes aujourd’hui, il nous a fallu du temps et les choses se sont mises en place petit à petit. Nous nous sommes renseignés, nous avons tenté des choses, amélioré ce qui nous semblait bien et laissé tomber ce qui fonctionnait moins pour nous.

Évidemment, la première étape pour un tel changement est la prise de conscience et l’envie de faire bouger les choses. Et tout le monde n’en est pas encore rendu à ce stade. Mais à l’image du petit colibri qui fait sa part, nous avons choisi comment faire la nôtre, même si nous avons encore du chemin à parcourir.

Je n'ai donc rien acheté pendant le Black Friday, j’ai déjà tout ce qu’il me faut !

Paul : Individuellement, on peut essayer de retrouver une façon de vivre qui crée plus de bonheur, pour nous, au quotidien. Mais pour moi avant de le vouloir, il faut le pouvoir, et même pouvoir le vouloir.

La prise de conscience, peu sont passé à côté, c’est de notoriété publique qu’on a un réel souci urgent avec l’état de notre planète. Maintenant chacun fait ce qu’il peut avec ses privilèges. Tout dépend de la disponibilité mentale de chacun, du nombre de problèmes qu’il a à gérer par jour, de son cercle culturel et de ses moyens temporels et financiers.

La critique de la sur-consommation est importante et doit exister, mais doit aussi être ciblée : 70% de la pollution vient de 100 entreprises, les 10% les plus riches polluent autant que la moitié de la population mondiale. Je suis d’avis que chacun fasse ce qu’il peut, mais aussi qu’on commence réellement à mettre la pression à la minorité de grands privilégiés qui ont à eux seuls un impact monstrueux.

C’est pourquoi je pense que le Black Friday est une aberration, qui ne doit plus avoir sa place dans le monde de demain. Le boycott est une stratégie, mais si je devais me positionner sur la stratégie que je juge la plus efficace dans l’urgence qui est la nôtre, je serais pour l’interdiction de ce genre d’événements, et en l’absence de décision politiques en ce sens, les actions de sabotage peuvent être une alternative à considérer.

Cécile Staehle

Développement RH

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